Sunday 12 September 2010

En Vain


J'aimais bien des poètes occidentals et j'en lisais beaucoup quand j'étais jeune. Mais maintenant je les lis très rarement. Je crois qu'ils sont si intimement associés à mon adolescence et ma jeunesse qu'ils ne m'intéressent plus. Puis, il y a plus de dix ans, j'ai découvert le grand plaisir des poèmes japonais anciens. Je les avais déjà connus au lycée. Mais j'avais été trop jeune à cette époque pour les vraiment apprécier.
Ariwara no Narihira est l'un des mes poètes préférés. Je suis toujours étonné par ses sentiments modernes. J'ai souvent peine à croire que il vivait il y a mille ans dans un autre monde considérablement éloigné de notre. Mais, il est là par la seule force de sa personalité, peut-être, trop humaine. Voici deux de ses poèmes tirés de Kokin wakashu. Attention: ma traduction n'est pas exacte.

Il avait vu une femme en secret depuis le premier du mars, et une nuit bruineuse, après un rendez-vous avec elle, il rentra chez lui et il écrivit ce poème et il fit le lui porter:

Je ne peux pas m'endormir ni me lever cette nuit
Il bruine sans cesse dehors
la bruine du printemps, silenceuse et fine
Je la regarde, le ciel s'éclaircit

Le journée de la grande compétition du tir à l'arc au hippodrome impérial, il entrevit une femme derrière le rideau d'une voiture garée en face. Il écrivit ce poème sur-le-champ et il fit le lui porter:

Est-ce que je vous ai vu réellement?
Ou est-ce seulement mon imagination?
Mais, je suis déjà tombé amoureux de vous.
Je passerai le reste de la journée en me posant
Des questions sans cesse et en vain.

Poème réponse:

Ai-je vu? N'ai-je pas vu?
Est-ce réel? N'est-ce pas réel?
Pourquoi vous posez-vous tant de questions en vain?
Suivez votre cœur. Il n'y a rien d'autre.

Monday 22 March 2010

L'Ecriture à la française


L'autre jour j'ai éclaté de rire en lisant un petit guide de randonnées publié par le Conseil Général des Alpes-Maritimes. «La complexité du relief et l'évolution dans un milieu tour à tour sauvage ou urbanisé rendent l'orientation parfois malaisée, inconvénient que la signalétique départementale directionnelle contribue à pallier au mieux. Mais le système de balisage a des limites (densité) et des imperfections (dégradations) qu'il faut pouvoir dépasser grâce à sa propre autonomie d'interprétation...» C'est bien l'écriture française: précise en apparence mais surmenée et lourde. Je ne vois pas la nécessité d'écrire de façon académique pour expliquer comment s'orienter sur la piste. Ce guide s'adresse au grand public et je crois qu'il cherche des informations claires et faciles à comprendre. Un autre exemple du même guide: «...ces lieux magiques étagés entre les trois corniches, avec leurs villas de milliardaires et leurs cabanons de pierre voient croître l'hiver venu une flore méditerranéenne ou exotique très colorée propre à faire oublier une saison à laquelle le Pays Niçois semble presque étranger.» Je trouve que c'est mal écrit. Je me demande souvent pourquoi les français n'écrivent pas comme les américains ou les anglais. «C'est la culture», vous diriez. Je le sais. Peut-être, cette lourdeur, cette précision verbeuse viennent de leur esprit.